Syane est une artiste riche en facettes qui se dévoile et s’appréhende par strates successives. Au contact de Syane ou de son œuvre, impossible en effet d’échapper à l’impression qu’il y a toujours d’autres profondeurs encore mystérieuses... Le titre du troisième album de Syane est d’ailleurs révélateur: "C’est pas moi". En effet, même si l’artiste se révèle dans cet album de 14 titres très aboutis, ne comptez pas sur elle pour vous aider à décoder les informations qu’elle nous fournit. Au contraire, c’est comme par défaut qu’elle nous parle d’elle. Au tournant de phrases lâchées par inadvertance, par des histoires qu’elle nous conte et qui permettent de comprendre son regard sur la vie, ou par des images qu’elle projette. Mises en relations, ces informations glanées au gré des titres permettent un travail de reconstitution qu’on sent bien n’être jamais complètement terminé. En ce sens, tenter d’entrer dans l’univers poétique de Syane se transforme rapidement en une quête ludique, une sorte de version féminine et pacifiée de world of warcraft.

Le nom d’artiste Syane est dérivé de son prénom, qui signifie bienvenue en celtique. Il exprime phonétiquement la couleur cyan, mélange de bleu et de vert, ses deux couleurs fétiches symboles d’apaisement et d’espoir.

D’origine bulgare, née dans le noir d’une nuit éthiopienne, c’est au cœur d’une famille en exil, coupée en deux par le communisme qu’elle a grandi. Ce mélange culturel était trop complexe, trop contradictoire aussi, pour en permettre une lecture simple. Syane, résultante de ce mix culturel, ne pouvait qu’incarner cet équilibre précaire entre territoires connus et besoins d’espace.

Lorsqu’elle arrive en Suisse, le rêve helvétique a été pensé et organisé. Quand ses camarades de classe parlent de ski et de montagne, c’est par les espaces infinis de l’Ethiopie qu’elle répond, ou par des rêves de volcans qu’elle tire des souvenirs d’expéditions de son père avec Aroun Tazieff, rêves sous lesquels elle cache un peu du feu de ses origines slaves. Et quand ils parlent de leurs rêves de devenir vétérinaires ou infirmières, elle réplique par le sien: devenir chanteuse. C’est dans le salon familial, profitant de la liberté laissée par des parents occupés à s’intégrer, à mériter leur exil, que Syane donnera ses premiers récitals, travaillera sa voix, mais surtout son écriture.

C’est l’amour des mots et de leur mélodie qui l’amène à la volonté de devenir musicienne, tandis que c’est une professeure de piano qui saura valoriser l’adolescente qui doute. Dès lors, Syane ne se sent plus transparente. Le parcours de Syane dans la musique est d’abord très classique: études de chant au conservatoire de Genève puis diplôme supérieur de chant à Lausanne. Mais l’artiste se sent enfermée dans des partitions dont elle aimerait s’affranchir. Elle se remet donc à l’écriture et compose, réapprend à utiliser sa voix de manière moins calibrée, mais plus personnelle, laissant les émotions la guider.

L’association Urban Poetry a découvert Syane par le biais de son album "Bonbons". Touchée par la sincérité, la poésie et une certaine folie de cette artiste complète et intrigante, l’association de promotion de la poésie urbaine a décidé d’éditer et de co-produire "C’est pas moi!".

C’est pas moi!
Inspirée par ses origines multiculturelles, par un terreau musical éclectique, allant d’Al Jarreau, à Caecilie Norby en passant par Björk dont elle admire l’indépendance, Syane se décrit comme une véritable "éponge à musique". Chanteuse, musicienne, auteure, compositrice, elle sort son premier enregistrement physique en 2007: "Imago", non distribué. En 2010 elle enfante de son deuxième opus : "Bonbons". 2013, respectant son rythme de gestation de trois ans, voit la naissance de son troisième album au titre sibyllin: "C’est pas moi!".

"C’est pas moi!", une évolution douce du parcours de vie de l’artiste, avec un fil rouge fait d’émotions et décliné en 14 histoires courtes.

"C’est pas moi!", un album de quatorze chansons dans des styles musicaux tour à tour jazzy, folk ou rock. Quatorze histoires de rébellion et d’amour, empreintes de poésie et habillées de couleurs toutes de légèreté et de recherche de liberté.